Contexte
La Directive Cadre sur l’Eau demande aux pays de l’Union Européenne l’atteinte du « bon état » des masses d’eau à l’horizon 2015 au plus tôt et 2027 au plus tard. Dans ce cadre, le 9e programme de l’Agence de l’eau Artois-Picardie prévoit la mise en place d’Opérations de Reconquête de la Qualité de l’Eau, sur des secteurs prioritaires pour l’« enjeu eau potable » afin d’améliorer la qualité des masses d’eau souterraines et superficielles.
Dans le SAGE, approuvé par arrêté préfectoral en mars 2009, la Commission Locale de l’Eau de la Scarpe aval a défini comme orientations prioritaires « la sauvegarde de la ressource en eau » et « la lutte contre les pollutions ». La CLE a engagé parallèlement une réflexion sur la mutualisation des coûts de protection de la ressource. C’est dans ce contexte que la mise en place d’une ORQUE sur 48 communes du secteur sud du bassin versant a été décidée par les acteurs du territoire.
- Emprise de l’ORQUE Scarpe aval
- © Noréade
Noréade, en tant que structure porteuse de l’opération, assure l’organisation et l’animation de ce projet, en liaison étroite avec la Commission Locale de l’Eau et le Parc Naturel Régional Scarpe Escaut, et en coopération avec trois autres préleveurs du territoire : Lille Métropole Communauté Urbaine (LMCU), le Syndicat Intercommunal de la Région de Valenciennes pour l’Adduction d’Eau Potable (SIRVAEP), et le Syndicat Intercommunal d’Alimentation en eau potable de la région de DOuai (SIADO).
Les constats sur le territoire
Le bassin versant de la Scarpe aval abrite dans son sous-sol la nappe de la craie, réserve stratégique d’où sont extraits chaque année plus de 15 millions de m3 pour l’alimentation en eau potable des communes environnantes et des métropoles voisines de Lille et Valenciennes.
D’après des données géologiques, le degré de protection de cette ressource vis à vis des risques de pollutions apparaît très variable : bien protégée vers la vallée de la Scarpe sous une couche épaisse d’argile imperméable, ou très vulnérable à l’est à la confluence avec l’Escaut et au sud, vers les plateaux crayeux de l’Ostrevent où la craie est affleurante.
L’analyse des données existantes pour les eaux souterraines montre une qualité de l’eau acceptable pour la production d’eau potable, malgré des concentrations en nitrates et sulfates en légère augmentation sur les captages du sud du territoire. Il apparaît donc indispensable de préserver cette qualité, pour enrayer la dégradation de nos captages et parvenir au « bon état » de la nappe en 2027 en agissant en priorité sur les secteurs les plus sensibles tels que présentés dans la carte des « zones d’actions prioritaires pour la protection de la nappe de la craie ».
- Carte des zones à enjeux pour la ressource en eau souterraine dans le cadre de l’ORQUE Scarpe aval
- © Antéa
Pour les eaux superficielles, le constat est plus sombre : la Scarpe et ses affluents sont classés « orange » (médiocre) ou « rouge » (mauvaise) pour la plupart des paramètres de qualité étudiés. Afin de reconquérir la qualité des eaux superficielles, il est ici nécessaire de travailler sur l’ensemble du territoire, mais avant tout dans les 2 secteurs où les cours d’eau peuvent être en relation directe avec la nappe de la craie (en amont du Bouchart et en amont des Fontaines d’Haveluy).
La réduction des risques de pollution
L’étude menée sur le secteur a également permis de dresser un bilan des activités se pratiquant au droit du territoire. De nombreuses données ont été rassemblées sur les altérations du réseau hydrographique, l’activité agricole, l’efficacité des installations d’assainissement collectif et non collectif, l’utilisation de produits phytosanitaires par les collectivités, les industriels et artisans du territoire, les sites et sols pollués et autres sources diverses de contamination des eaux.
Pour chaque risque identifié, une ou plusieurs actions ont été définies en concertation avec des représentants des différents secteurs d’activités, au sein de 4 groupes de travail, aboutissant ainsi à un programme de 32 actions regroupées dans 8 thématiques.
Selon les principes de l’ORQUE, ce programme défini jusqu’en 2016, sera mis en place de façon volontaire et globale (travail avec les collectivités, les industriels et artisans, les agriculteurs et les particuliers), avec l’appui de la dynamique locale qui se construit. L’animation territoriale permettra de mobiliser un maître d’ouvrage pour porter chaque action, et de dégager les financements nécessaires à son lancement. L’ambition affichée pour le territoire se traduit par des objectifs chiffrés pour chaque action, afin de garantir le retour au bon état des masses d’eau d’ici 2027 et pour les générations futures.
Démarche collective, le succès de l’ORQUE dépend étroitement de l’appropriation des enjeux de la qualité de l’eau par l’ensemble des acteurs du territoire. Une prise de conscience est donc indispensable concernant l’importance de la ressource en eau, sa vulnérabilité sur le territoire, et l’impact des gestes de tous au quotidien.
Auteur : Marie Bodart, animatrice ORQUE